Innovations pour un Fashion Green

Quelles innovations pour une Fashion plus green ?

Depuis plusieurs années, l’impact environnemental négatif de la mode est devenu un sujet essentiel dans nos sociétés occidentales. Sous la pression des consommateurs, de plus en plus concernés par les enjeux écologiques, de l’État aussi qui, le 30 janvier 2020, adoptait la loi anti-gaspillage, les marques sont désormais conscientes de la nécessité de repenser radicalement le cœur de leur filière mode et textile pour plus de durabilité. Mais quelles pistes pour transformer ses modèles de fonctionnement ? Quelles solutions pour accélérer sa transition écologique ? Bref, asseoir une éco-rentabilité à long terme ?
Production à la demande

Face à une érosion des ventes et l’accumulation des stocks d’invendus, une situation encore aggravée par la crise de la Covid-19, les marques commencent à se tourner vers la fabrication à la demande, afin de réduire les quantités de pièces produites.

Fabrication à la demande

 

Ce modèle aux antipodes de la fast fashion et de la surconsommation, largement adopté par les Digital Native Vertical Brands comme Asphalte, Réuni, Caval, Esther Bancel ou encore Atelier Loden, consiste à ne fabriquer que ce qui a été acheté par le client, suite à une campagne de précommande limitée dans le temps, soit sur le site du pure player, soit sur une plateforme de financement participatif, où l’argent destiné au lancement de la production n’est débloqué qu’une fois les objectifs du projet atteints avec succès.

Fabrication transparente sans gaspillage, articles en séries limitées, personnalisés (le client étant impliqué dans le processus de co-création), stocks et trésorerie réduits au maximum…, les avantages de ce système séduisent dorénavant les grandes enseignes de mode. Promod a notamment proposé à ses clientes, en automne 2019, en fabrication à la demande, son manteau Gisèle en différentes longueurs ou couleurs et compte intensifier ses options de précommande cette année. De même, de nouveaux acteurs comme la start-up Tekyn apparaissent qui offrent des solutions technologiques digitales et robotiques au service de la fabrication sur demande de marques comme 1083, Cache Cache ou Camaïeu.

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Fabrication, relocalisation et made In France

Autre levier complémentaire de la stratégie de limitation de l’impact environnemental des marques, auquel font couramment appel les jeunes pousses émergentes : la fabrication locale qui permet la réduction des distances de transports, des approvisionnements mieux traçables et des délais de confection plus courts pour lancer, en toute souplesse, des collections plus réactives aux attentes changeantes des consommateurs. Un chiffre parlant :

Fabriquer en France permet de diviser par deux notre empreinte carbone par rapport à une fabrication en Chine », indique l’Étude textile d’habillement et linge de maison, publiée par l’Union des Industries Textiles, en janvier dernier.

Dans ce contexte, de nombreuses marques françaises s’investissent dans la relocalisation de leur production dans l’Hexagone. C’est le cas de l’équipementier Le Coq Sportif qui, dès 2010, a entamé un retour aux sources dans le bassin textile troyen, en rouvrant son usine historique de Romilly-sur-Seine, dans l’Aube, fermée en 1988, pour cause de délocalisation au Maroc. En 2017, le fabricant Bleu Forêt a transféré de Roumanie une partie de sa production de chaussettes Olympia vers son usine de Vagney. dans les Vosges.

Cet été, le groupement FashionCube alliant les marques Pimkie, Jules, Bizzbee, Grain de Malice ou encore Rouge Gorge a annoncé, dans le cadre de sa démarche Zéro déchet, l’implantation d’une usine de production de jeans dans le Nord de la Francepour le second semestre de cette année.

Relocalisation - Fabrication Locale - Made in France

But de ce projet intitulé le Cube ? Confectionner 410.000 jeans par an pour les enseignes du groupe. Du made in France donc, plébiscité par des consommateurs qui soutiennent les produits de qualité, et partant durables, de ses acteurs engagés, mis en avant sur des sites internet dédiés, comme La Fabrique Hexagonale par exemple.

Du made in Nord, pourrait-on même préciser, une région comme les Hauts-de-France, berceau de grandes enseignes françaises et forte de ses start-ups et autres incubateurs, se montrant particulièrement dynamique, en termes d’innovation durable. C’est d’ailleurs à Roubaix qu’est né, en 2015, le Fashion Green Hub, organisateur entre autres des Fashion Green Day, le forum de la mode circulaire. Soutenue par les collectivités locales et l’État, cette association de chefs d’entreprises mode et textile, prône une mode responsable, humaine et créatrice d’emplois dans les territoires.

Car, de fait, l’humain, pierre angulaire d’une économie solidaire, va de pair avec la démarche de développement durable. C’est, par exemple, la philosophie de la société coopérative d’intérêt collectif française LINportant qui, depuis novembre 2019, date de sa création, œuvre à la culture d’une fibre de lin bio made in France, afin de fabriquer des T-shirts respectueux non seulement de l’environnement mais également de toutes les parties prenantes du projet, acteurs de la filière, salariés, soutiens professionnels et société civile.


Matières innovantes

Et si l’on évoque la filière du lin, c’est qu’en toute logique les matières naturelles peu polluantes, cultivées localement comme le lin et le chanvre, ont leur rôle à jouer dans la révolution écologique de la mode qui passe, de même, par les matériaux responsables innovants. Là encore, les initiatives foisonnent, qu’il s’agisse du recyclage de matières existantes ou encore de la culture de nouveaux matériaux, à partir de cellules vivantes.

Depuis cinq ans, Adidas collabore avec Parley for the Oceans, un mouvement environnemental créé en 2012 par le designer Cyrill Gutsch qui, parmi ses nombreuses activités de protection des océans, récupère les débris de plastiques marins pour les transformer en fil de plastique recyclé, appelé l’Ocean Plastic. La marque allemande a ainsi conçu le Primeblue, un matériau recyclé haute performance contenant de l’Ocean Plastic qu’elle utilise pour sa ligne d’articles de sport Parley, de même que pour sa chaussure Ultraboost DNA Parley, dont le prototype a été dévoilé devant les Nations unies en 2015, afin de démontrer le potentiel des matières innovantes dans la lutte contre le désastre écologique du plastique.

Matière innovante

En décembre dernier, Adidas a par ailleurs annoncé travailler avec le nouveau matériau vegan Mylo, à base de mycélium, les racines des champignons. Mylo a été lancée en 2018 par l’entreprise américaine Bolt Threads, fondée en 2009, dans le but de créer, par biofabrication, des textiles et matériaux dérivés de micro-organismes et non plus du pétrole ou des animaux, dans une optique durable et cruelty free. On lui doit également, en 2017, un fil répliquant la soie d’araignée, le Microsilk. Adidas fait partie, depuis octobre dernier, du consortium Mylo regroupant le groupe de luxe français Kering, la marque canadienne Lululemon et la maison Stella McCartney qui disposeront d’un usage exclusif de ce matériau, avant sa mise à disposition à d’autres marques. La commercialisation de produits en Mylo, en particulier des baskets chez Adidas et des accessoires chez Stella McCartney, aura lieu cette année.

Fabriquer à la demande pour produire moins mais mieux ; privilégier les circuits courts, près de chez soi, pour limiter la consommation de CO2 mais aussi faire revivre les savoir-faire délaissés, recréer des emplois et retisser le lien social ; opter pour des ressources alternatives circulaires moins néfastes pour l’environnement que les matériaux pétro-sourcés…, les solutions ne manquent pas pour prendre à bras le corps l’incontournable transition éco-rentable de la mode. À chacun, fabricants, enseignes, consommateurs, pouvoirs publics, etc. de jouer le jeu de la remise en question et de la collaboration pour qu’un jour, on puisse s’habiller, sans crainte de faire du mal à la planète et aux êtres sensibles.

Demand Forecast

une application qui permet d'estimer finement les ventes des futures collection afin de ne produire que ce qu'une enseigne est en mesure de vendre

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